Turin envoyé spécial
Il y avait des villes à la campagne. Le Comité olympique international (CIO) a inventé les JO d'hiver en plaine. Après Nagano et Salt Lake City, c'est une métropole de deux millions d'habitants, située à près de cent kilomètres des pistes de slalom et de descente, qui accueille les XXes Jeux d'hiver. Au total, près de 40 % des compétitions auront lieu loin des montagnes et nombre d'athlètes ne verront pas un seul flocon. Clairement, la priorité a été donnée à la capacité de la capitale piémontaise d'absorber l'impact toujours plus lourd, en termes d'infrastructures et de coûts financiers, de l'organisation des Jeux (1).
Pour Turin, «c'était l'occasion d'accélérer et d'accompagner la sortie de l'industrie automobile en crise», explique Evelina Christillin, la fougueuse vice-présidente du comité organisateur (Toroc) qui a suivi le dossier depuis le dépôt de candidature : «Parfois, à l'étranger, il fallait que je montre où Turin se trouve sur la carte. La ville n'était connue que pour Fiat et la Juventus.» Mais voilà, depuis la fin des années 1970 la grande firme automobile est entrée dans une lente phase de déclin. L'industrie ne représente plus que 26 % du PIB régional et les usines Fiat de Mirafiori, au sud de la ville, emploient moins de 15 000 personnes, contre 60 000 il y a trente ans. A la fin des années 80, le taux de chômage de la ville atteint les 12 %. La croissance stagne. «C'est dans ce contexte qu'est née l'idée des Jeux, se souvient Mercedes Br