Le halfpipe est un parfum, celui du «teen spirit», «l'esprit adolescent» propagé jadis par feu Kurt Cobain, sur la musique duquel une Suissesse s'exécutait hier à Bardonecchia, pendant la compétition des filles. Quel rapport entre la désespérance de Nirvana et la «demi-lune», comme disent les Québécois ? Hier, l'Américaine Hannah Teter (19 ans, née à Belmont dans le Vermont) a appris qu'elle était championne olympique dans le portique de départ, juste avant son dernier run. Qui fut le plus beau et le plus risqué de la journée. Même s'il ne rapportait rien. Sauf qu'elle s'envoyait en l'air, presque au fond du ciel pour les yeux énamourés d'un public ému par sa générosité.
Civière. Ensuite, on a compris que Teter n'avait absolument rien à dire. Elle a posé ses boots sur la table pour refaire ses lacets quand une question tombait, émis des borborygmes pour amuser sa compatriote Gretchen Bleiler (2e), et simplement lâché à un moment, du bout des lèvres : «Les fondations, c'est tout. La famille, l'enfance, c'est tout.» Hannah est désormais au panthéon olympique, et elle s'en fiche un peu. Tony Roos, qui entraîne aujourd'hui après avoir ouvert la voie des snowboarders à Nagano (1998), décrit le milieu comme ça : «C'est un peu : "T'as vu mon masque ? Et mon baggy ?"» Les 19 ans de Shaun White (vainqueur hier chez les garçons) plus les 19 ans de Teter, ça fait encore un an de moins que l'âge du vénérable champion olympique de Calgary (1988), Sergueï Tchepikov, encore quatrième sur 20