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Libération

Defrasne, de l'ombre à l'or

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publié le 20 février 2006 à 20h23

Biathlon. Poursuite messieurs

Or : Vincent Defrasne (Fra)

Argent : Ole Einar Björndalen (Nor)

Bronze : Sven Fischer (All)

Maintenant il n'y aura plus d'excuses à ignorer où se trouvent Pontarlier, Les Granges, Lièvremont ou Morteau. Toutes ces bourgades si froides du Haut-Doubs où se conçoivent, se préparent et s'aguerrissent de futures gloires sans ego, capables au moment du sacre olympique d'un bref mouvement de recul. L'a-t-on bien vu samedi cette infime hésitation de Vincent Defrasne au moment de la remise des médailles ? Comme une incrédulité devant l'intimidante vérité du sport : «Sûr, le premier, c'est bien moi ?» C'est tellement lui qu'il faudrait n'avoir rien à ajouter à l'exclamation étouffée de Christian Dumont, dit Dudu, le directeur sportif du biathlon français, quelques secondes à peine après la victoire de «la grenouille» : «Quelle classe, quelle classe !»

Au fait pourquoi «la grenouille» ? Ses jambes de sauteur, paraît-il. Des jambes dures et fatiguées quand Defrasne s'est présenté dans le stade fraîchement reblanchi (de neige) de San Sicario, collant aux Madshus, les skis préférés du monstre du biathlon, le Norvégien Ole Einar Björndalen, alias le «Seigneur des anneaux» en raison de ses quatre médailles de Salt Lake City. On connaît la suite : le suspense diabolique et, dans l'équipe de France, le trouillomètre à zéro jusqu'à l'ultime seconde, la précipitation dangereuse du Français dans le dernier virage («je me suis mélangé les pinceaux»), à la limite de la per