Quinze février 2003. Les filles de l'équipe de France de rugby sortent couettes basses d'un match contre les Anglaises, ratatinées 57-0 à Twickenham. Cette défaite n'a pas échappé à Pierre Salviac, journaliste alors chargé du rugby à France Télévisions qui, ce jour-là, donne le résultat en direct. «C'est la seule fois qu'il a parlé de rugby féminin», se souvient Wanda Noury, chef de la délégation féminine à la fédération française. C'était l'époque où l'on pouvait encore entendre des réflexions du type : «Les filles sur un terrain à perches, c'est n'importe quoi, jamais elles ne réussiront à comprendre les règles.» C'était l'époque des maillots trop grands, où l'on ne trouvait pas de pelouse pour les rencontres, sinon pelée comme le mont Ventoux, et, surtout, où l'on jouait devant la famille et quelques curieux attirés par la perspective d'une lutte entre filles dans la boue.
«Aujourd'hui, les filles ne sont plus regardées avec un air moqueur, affirme Francis Cadene, manager de la section femmes à la FFR ; les compétitions ne passent plus pour du folklore.» Désormais, les Bleues portent des maillots ajustés, ont reçu l'Irlande à Montauban devant un stade de Sapiac rempli, ont instauré un carnet de bal des villes qui aimeraient les accueillir Bourgoin-Jallieu est sur les rangs et, jusqu'à leur défaite 0-28 contre les Anglaises dans le dernier tournoi des Six Nations, elles restaient invaincues depuis vingt et une rencontres. Vingt-quatre heures avant la «finale» hommes de