Menu
Libération
Portrait

L’immaculée conception du vélo de Patrick Lefévère

Article réservé aux abonnés
Cyclisme. Ex-séminariste, défenseur de la pureté de son sport, le directeur sportif de la QuickStep vise la victoire dimanche dans le Tour des Flandres.
publié le 1er avril 2006 à 20h48

Le grossiste belge en chefs-d’oeuvre cyclistes sur le Tour des Flandres, qui se dispute dimanche, et sur Paris-Roubaix, une semaine plus tard, est à jamais un fils perdu pour l’Eglise catholique romaine et apostolique. Patrick Lefévère, manager de l’équipe QuickStep, dont le leader est Tom Boonen sur ces deux monuments classés à l’inventaire des courses de printemps, a quitté le petit séminaire de Roulers, au nord-ouest de Courtrai, parce que les pères considéraient que le cyclisme n’était pas un sport convenable : «Ils pensaient que le vélo était un sport réservé aux crapules, pas comme le foot qui était pour eux un sport noble», dit-il très sérieusement. «Mais moi, poursuit-il, je roulais déjà, et ne plus pouvoir le faire était un truc inimaginable.» Les parents de Patrick sont inquiets et pensent que leur fils file un mauvais coton : « Ils ont toujours pensé qu’il y avait un truc qui clochait chez moi avec le vélo...»

Darwin. Mais la foi du jeune Lefévère est déjà drôlement voilée. Un beau jour, il la perd comme on perd une roue qui tombe de la galerie de la voiture au retour d’une course : «J’ai perdu mon père assez jeune, et j’ai pris ça comme une injustice terrible.» Sa foi était dans le fossé, très abîmée. Il l’a laissée mourir : « S’il y avait quelqu’un là-haut, il ne laisserait pas tant de misères sur terre !» Désormais, il ne croit plus au mystère de la sainte Trinité, ce qui est un peu fort de café, lui qui est à l’origine dans Paris-Roubaix des plus beaux t