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El Viti, opération portes ouvertes.

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Recordman des sorties en triomphe à Madrid, l'austère Santiago Martín a régné sur les années 60-70.
publié le 11 mai 2006 à 21h11

El Viti est un morceau interprété par Duke Ellington et Ella Fitzgerald. El Viti est le motif d'une scie, chantée dans les années soixante par les gradins du soleil à Pampelune : «El Viti, El Viti est couilleux/comme El Viti il n'y en a plus.» Ces deux El Viti sont la même personne qui n'est autre que Santiago Martín, le matador sorti le plus souvent (quinze fois) par la Grande Porte des arènes de Madrid. Le score pourrait être de seize mais le 3 mai 1971, après avoir coupé les deux oreilles d'un toro d'Atanasio Fernández, El Viti a refusé d'être pris dans la bousculade des «capitalistas» porteurs d'idoles et a préféré filer à pied. Couper absolument des oreilles n'était pas sa religion. Il disait : «Les deux oreilles qui m'importent, ce sont les miennes.» Même détachement aujourd'hui pour les hommages dont les clubs taurins le bombardent. Récemment, à l'issue d'une cent-millième réception en l'honneur de sa tauromachie, de son prestige de torero pointilleux et ascétique, Santiago Martín a fini son allocution en avouant : «J'en ai plein le cul d'El Viti.»

Sa Majesté. El Viti, fils d'un charro de Vitigudino, près de Salamanque, s'est imposé à Las Ventas dès sa présentation comme novillero, le 18 juillet 1960. Il a 22 ans et il inaugure une tradition : sortir a hombros : sur les épaules. Ce qu'il fera chaque année jusqu'en 1967, puis de 1969 à 1971. Et 1968 ? On ne l'engage pas pour la San Isidro. Son apoderado avait demandé qu'on le paye davantage qu'El Cordobés. Refus de l'or