Menu
Libération

A Saint-Etienne, aux sources de la folie verte

Article réservé aux abonnés
publié le 13 mai 2006 à 21h13

Saint-Etienne envoyé spécial

Trente ans après, les Verts fascinent encore. La commémoration, ces derniers jours, d'une finale de Coupe d'Europe perdue, montre à quel point le phénomène stéphanois reste fort. Au point qu'un colloque s'est penché, durant deux jours, sur la question au stade Geoffroy-Guichard. Des historiens et des sociologues ont tenté de décrypter le mythe. Il ressort de leurs très sérieux échanges que la légende se serait construite en quatre étapes, la ville puis le pays s'appropriant un club qui n'avait au départ vraiment rien d'ouvrier.

L'aventure commence en 1933, avec le fils de Geoffroy Guichard, génial épicier ambulant, qui a fait fortune en s'installant dans l'ancien casino de Saint-Etienne. Son héritier crée l'association sportive stéphanoise (qui deviendra ASSE), en juin 1933. Mais pas pour faire jouer ses employés. Il veut monter un club professionnel, de très haut niveau. Le sport roi, à Saint-Etienne, est alors le rugby, mais lui se tourne vers le football. «Il était fasciné, raconte Bruno Dumons, historien chargé de recherche au CNRS, par l'initiative de Jean-Pierre Peugeot, qui avait créé en 1930 la coupe Peugeot, préfiguration du championnat de France. L'objectif était d'associer les performances d'une équipe à la marque de l'entreprise, comme le faisaient Fiat avec la Juventus, ou Philips avec le PSV.» Le club adopte les couleurs de l'entreprise Casino, le vert et le blanc.

Il recrute ensuite des mercenaires, pour rejoindre la première division