Tampere (Finlande) envoyé spécial
«Une fille aux yeux kaléidoscopiques». John Lennon, lorsqu'il a composé, en 1967, Lucy in the Sky with Diamonds, ne pensait pas à Lucie Decosse. Et pourtant... Le regard de cette championne du monde de judo (Le Caire, septembre 2005) en titre et vice-championne d'Europe ce week-end à Tampere, en Finlande, recèle une palette d'émotions, de malice et de sens critique si large que, près de quarante ans après, et sans LSD, on peut se poser la question. Féline et posée, Lucie bouge sur un tapis avec grâce, sans précipitation. Un tempérament très calme qui amène souvent les observateurs à la trouver «nonchalante». «Je n'aime pas trop ce terme, il renferme une connotation négative. Je ne m'énerve pas, c'est tout.» Lucie Decosse garde une certaine réserve dans le dialogue, mais son sourire complice en dit plus long qu'un flot de paroles inutiles. «Lucie est sereine. C'est son caractère profond, comme celui de son père.» Marie-Louise, sa mère d'origine guyanaise, rit aux éclats lorsqu'elle évoque celle de ses trois filles qui a réussi en kimono. «Mais lors des fêtes de famille, elle sait mettre l'ambiance, ce n'est pas la dernière, comme sa mère», poursuit Gilles, le père, inspecteur de police à la retraite. «Au judo, je ne fais pas le clown car ce n'est pas le lieu. Il faut un moment et un contexte adaptés.» Ses parents, comme à chaque compétition importante, ont fait le déplacement. «Le judo reste l'affaire de Lucie, nous n'en avons fait ni l'un ni