Professeur d'éducation physique et sportive, Antoine Vayer, 43 ans, dirige AlternatiV une cellule de recherche sur la performance, à Laval (Mayenne). «Manolo Saiz est presque un intime au regard de nos parcours. Mon faux jumeau en quelque sorte. J'ai la chair de poule à l'idée que j'aurais pu être son alter ego si 1998 n'avait pas existé. Comme Manolo j'aurais pu être, moi aussi, une sorte de "Dieu le père du cyclisme". Comme lui, j'ai suivi une formation universitaire de "prof de gym" jugée "intellectuelle" et forcément décalée dans un milieu consanguin composé d'anciens coureurs.
«Formés à la physiologie, au rationnel, nous avons été confrontés au pouvoir du "scientisme" qui fait autorité dans le milieu et qui permet de diriger à la baguette des athlètes de haut niveau. C'était ça ou, pour moi, faire travailler des élèves de sixième. Lui et moi avons côtoyé de fameux docteurs passionnés de cyclisme et dont le métier est la culture in vitro. Ou comment "booster" un coureur alors que nous prônions, nous, la pratique in vivo comme seule technique d'entraînement.
«Comme Manolo, j'ai concocté des plans en tant qu'entraîneur pour les meilleurs cyclistes du monde lors de mon passage au sein de l'équipe Festina, celle de la grande époque. Manolo, lui, avait déjà construit son équipe grâce au sponsor Once, une association aidant les non-voyants espagnols. Un Français a appartenu neuf ans à la Once. C'était les "années EPO". La Once, c'était sa deuxième famille. Ce coureur a fini quat