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Un très sérieux boulimique

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publié le 1er juin 2006 à 21h38

Au premier tour, quand l'Australien Wayne Arthurs a retourné sa raquette pour mimer l'exécution d'un pigeon qui se posait sur le court, le public du court numéro 5 a rigolé. Son adversaire, Nicolas Almagro, 20 ans, pas du tout. Sur un court, l'Espagnol est plutôt du genre regards noirs, poing serré, et «vamos» tonitruants au moindre point gagné. Chez les juniors déjà, Almagro était assez peu apprécié pour ses explosions sonores et son agressivité. Il s'en moque assez. «J'en ai besoin pour bien jouer au tennis, je suis comme cela.» Plus tard dans le match, le vieil Arthurs, 34 ans, s'est amusé à imiter gentiment le geste d'encouragement compulsif de celui qui pourrait presque être son fils. Rires encore dans le public. Toujours pas chez l'Espagnol. Et en trois sets (7-5, 6-2, 6-2), Almagro, à grands coups de raquette, a enfoncé Arthurs, à la distance élégante que celui-ci semble désormais avoir avec les choses du tennis et les jolis vestiges de son jeu d'attaquant.

Gros appétit.

Almagro, nouvel avatar du tennis espagnol, n'est pas connu pour se gondoler sur le court. Et encore moins à Roland-Garros, son tournoi préféré, celui où tout jeune crocodile aspire à se faire les dents et un nom, et où il arrive, cette année, avec un gros appétit. Au classement du nombre de matchs gagnés sur terre battue en 2006 (avant les Internationaux de France), Almagro se situe juste derrière le Chilien Massu, leader avec 18 victoires (pour 6 défaites)... Ce qui fait aussi de lui le deuxième joueur