Oubliez l'argent. Oubliez les top models dans les parages. Les troupeaux de journalistes, les cohortes d'admirateurs prêts à se battre pour un autographe. Oubliez la facilité, l'air de ne pas souffrir, de ne pas avoir besoin de s'entraîner. Voici la marche de grand fond. L'épreuve peut être la «plus naturelle au monde», mais aussi la plus ingrate. Et son «Everest», le Paris-Colmar. 445 kilomètres pour les hommes, presque 300 pour les femmes et ceux qui participent pour la première fois. La course fête, dans la discrétion, son 80e anniversaire, avec cette année quarante participants. Mercredi soir, ils partaient groupés du parvis de la mairie de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), et arriveront samedi dans l'après-midi, pour les premiers, à Colmar (Haut-Rhin). Après avoir marché pendant plus de cinquante heures. Et la souffrance n'attend pas la montée du col du Bonhomme, dans les Vosges, pour se lire sur les visages. Les marcheurs sont stressés, serrent les dents et regardent droit devant eux. Comme absents. «Pourtant, dit Jean Cecillon, qui a participé treize fois à la course et en est le directeur adjoint aujourd'hui, je vous jure qu'on gamberge. On regarde les fleurs, le ciel, puis, plus on avance, plus on pense au travail, à la famille. Au podium aussi. La course, on la termine seulement si on a le mental.»
Chiasse. Pour le mental, les accompagnateurs sont là. Pour les marcheurs les plus riches, une dizaine de personnes se relayent dans un ou deux camping-cars qui les s