Malgré l'élimination sans gloire de la Côte-d'Ivoire, Drogba restera l'enfant chéri du pays. L'objet de toutes les attentions d'une population écrasée entre la guerre civile, la présence militaire française et la misère économique. Et même un petit peu plus, si l'on en croit le journaliste ivoirien Barthélemy Kouamé : «Il existe un groupe de supporteurs des Eléphants qui lui est entièrement dédié, le "Fan Club Didier Drogba". Didier Drogba, c'est aussi le nom de dizaines et dizaines de bars, les "maquis" [d'autres ont été baptisés Chelsea, ndlr]. Toutes les chansons actuellement en vogue de la musique ivoirienne contiennent des paroles élogieuses pour Drogba. Quand ce ne sont pas des morceaux qui lui sont entièrement consacrés...» Un culte de la personnalité qui n'est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, l'omniprésence des portraits de Ben Ali en Tunisie ou de Fidel Castro à Cuba.
Missel. La symétrie est même parfois frappante avec la situation dans les anciens pays de l'Est : apologie des qualités quasi surnaturelles du «leader», rappel systématique de ses origines modestes, déni des échecs. Même s'il demeure évidemment une nuance de taille. Ici, pas de flic derrière chaque citoyen pour l'obliger à respecter l'unanimité de façade (au pire, on risque de se prendre quelques baffes par les zélateurs du coin), et a priori aucun contrevenant ne finira en prison pour crime de lèse-majesté.
Cependant, si le football ne possède ni parti unique ni police pol