La Coupe du monde de football de 1998 avait restitué à la France l'image de son métissage contribuant ainsi à éclairer, par contraste, l'ampleur des discriminations. Celle de 2006 aura-t-elle pour effet de rendre visible et dicible la prostitution et de confronter la France à son timide abolitionnisme ?
La création d'un grand centre de prostitution, à Berlin, pour la Coupe du monde, et dont les salariées habituelles ont reçu les renforts de nombreuses filles venues des pays les plus pauvres de l'Europe, provoque l'émotion. Notre indignation ne doit pas être dirigée vers les lois du foot mais vers celles de l'Allemagne. Car rien de ce qui nous choque n'est illégal ; ce n'est que de la logistique ! Dans les pays qui ont légalisé et réglementé la prostitution (Allemagne, Pays-Bas), la vente de services sexuels est un métier comme les autres et les proxénètes, des chefs d'entreprise. Pourvoir en femmes les clients potentiels n'est donc qu'un problème de même nature que la capacité hôtelière ou le parking. De bonnes conditions d'hygiène sont garanties et les clients sont invités à être «polis». En France, la loi Sarkozy, en créant un délit de racolage, a déplacé la prostitution de rue loin des quartiers chic et fragilisé davantage les prostituées. Radicalisées par cette loi, des associations et des personnalités plaident au nom de la sécurité et de l'hygiénisme en faveur d'un «statut des travailleurs du sexe». Ils opèrent de savantes distinctions entre prostitution contrainte et p