Menu
Libération

«Comme si le foot apaisait les soucis»

Article réservé aux abonnés
Dans un centre d'accueil de sans-domicile-fixe, Zidane est dans toutes les têtes. La finale atténue, pour quelques heures, les souffrances.
par Tonino SERAFINI
publié le 9 juillet 2006 à 7h00

«Est-ce qu'il y a des gens qui n'ont pas mangé?» interroge Alioune Touré, travailleur social à l'Agora, un centre d'accueil de jour pour des personnes sans-domicile-fixe géré par Emmaüs dans le quartier de Châtelet à Paris. Il est 19h00 et déjà une cinquantaine de personnes se pressent devant la salle où est installé un poste de télévision. «Un soir de finale de coupe du monde, les gens ne vont pas regarder le match le ventre vide» dit-il. La salle a été décorée spécialement pour la finale: revue de presse affichée aux murs et drapeaux français et italiens accrochés en nombre égal sur un fil surplombant la pièce. «C'est une finale entre deux belles équipes. On les honore a égalité» dit Samir, 21 ans, SDF depuis quatre mois qui a participé à la réalisation de la décoration. Il dit qu'il a eu «des ennuis judiciaires» et depuis sa sortie de prison il est à la rue. Adolescent, il a joué au foot en division d'honneur dans les équipes de jeunes du Red Star en banlieue parisienne. «Fâché avec sa famille» il est sans emploi et donc sans logement. «On se débrouille. On va s'en sortir». Il dit «on» pour parler de lui-même.

A présent c'est l'heure des hymnes nationaux. Il n'y a pas assez de chaises pour tous. Beaucoup sont debout. On chante la Marseillaise et on crie «Zidane, Zidane». Rachid Cherfi, un autre travailleur social a «préparé trois litres de café». On passe dans les rang avec des gobelets. Comme dans les bistrots, on exulte lorsque Zidane marque son penalty et on e