Professeur de sport et ancien entraîneur de Festina, Antoine Vayer dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance, à Laval (Mayenne). Il chronique le Tour pour Libération.
On ne prend pas les mêmes, mais on recommence. A l'issue de la deuxième semaine, grâce à la mesure de la démesure des performances, on sait maintenant que c'est bien l'armée des ombres qui a pris le pouvoir. Celle d'Armstrong le maudit pour ses anciens lieutenants américains Landis et Leipheimer ? Celle d'Heras le déclassé du dernier Tour d'Espagne au profit de son dauphin Menchov, vainqueur jeudi dernier ? Celle de De Basso l'évincé pour Sastre, son poisson pilote du Giro outrageusement dominé ? Celle d'Ullrich l'écarté pour son ami Klöden ? Ou celle de notre Virenque pour Rasmussen et Evans ? C'est l'ombre du dopage qui a éclairé les Pyrénées. En deux ascensions, elle a recouvert le peu de crédibilité sportive de ce Tour 2006 et exécuté l'espoir que les exclusions du 30 juin avaient suscité. Sinon comment expliquer que des hommes, même admirablement entraînés et équipés, puissent s'élever ainsi avec leur vélo au-delà de la barre des 1 600 mètres par heure de vitesse ascensionnelle dans un col dur, alors même qu'ils sont censés être fatigués après plus de cinq heures d'efforts dans des lacets ? C'est ce qu'un petit nombre d'entre eux ont pourtant encore fait. Mercredi, entre Cambo et Pau, la première étape montagnarde, courue à 39,5 km/h, était suspecte car classifiée parmi les moyennes his