Morzine envoyé spécial.
Cyril Dessel et Christophe Moreau sont les inséparables de ce Tour de France. Vincent Lavenu, leur directeur sportif, a vanté chaque jour d'ascension alpestre cette magnifique gémellité venue parer l'éviction, pour transfusion sanguine illicite avant le départ, de son leader espagnol Mancebo. Premier réflexe, Moreau a été intronisé capitaine remplaçant, et à 35 ans ce dernier a toutefois précisé qu'il n'y était pas préparé. «Je ne peux pas refuser cette responsabilité-là. Je vais essayer.» Mais très vite, il s'est mis au train de la défausse. «On a vu Sandy Casar faire 6e au Giro. Ça me paraît démentiel d'aller en Italie et de se jeter après dans le Tour avec moins de potentiel. Même lui ne se rend pas bien compte. Moi, je ne pense pas au général.»
Poissard. Mais la France y pensait, parce qu'il faut bien des Français sur les chemins napoléoniens. Moreau l'admettait à sa façon, ça commençait à être lourd ce label de meilleur français par défaut. «Même moi, j'ai pas l'intelligence pour tout comprendre. Les années passées, j'étais le "meilleur" Français, on m'a jamais calculé. Je me suis retrouvé sur le podium, dans les dix premiers, j'étais "meilleur" Français malgré moi. C'est encore une fois quelque chose qui ne m'intéresse pas.» Heureusement, c'est Cyril Dessel, son compagnon de sommeil à l'hôtel, qui, à la faveur d'un maillot jaune enfilé à Tarbes, a reçu l'onction des citoyens et débarrassé Moreau d'un fardeau. «C'est pas un