Professeur de sport et ancien entraîneur de Festina, Antoine Vayer dirige AlternatiV, une cellule de recherche sur la performance, à Laval (Mayenne). Il chronique le Tour pour Libération.
Le vélo ce n'est pas des mathématiques ? Ben, si, désolé. Ecrire des chroniques «à l'ancienne» pleines de poésie nous enchanterait. Mais le dopage, omniprésent dans les artères des coureurs vraiment performants sur ce Tour 2006, fausse tout. Leurs préparations sont planifiées. Certes, il existe quelques ratés. En 1998, à Trieste, le Giro est promis à Alex Zülle. Le sang savamment bourré d'hormones diverses, instillées méthodiquement selon des protocoles réfléchis permet au Suisse à 53,771 km/h de moyenne de battre le record du monde de vitesse dans un contre-la-montre de plus de 40 km, devant Honchar, notre éphémère maillot jaune ukrainien vainqueur cette année à Rennes et Montceau-les-Mines. Le temps réalisé par Zülle avait été prévu à quelques secondes près, grâce au logiciel «prédivélo». Ce record sera battu en 2000 par Armstrong à Mulhouse et par Millar en 2003 à Nantes. Mais voilà, le soigneur personnel de Zülle, qui se proclame «bras droit du docteur Ferrari» ne communique pas avec le toubib de l'équipe, Fernando Diaz Jimenez. Alex aurait donc eu droit avant la grande étape de montagne à deux doses de corticoïdes, touche finale de la préparation. Une de trop ? Les «corticos» dont le «taux légal» a été encore relevé cette année agissent formidablement pour les efforts intenses, d