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Libération

Les toreros, des stoïciens dans l'arène

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Les récents encornages démontrent l'abnégation et le courage nécessaires dans la corrida.
publié le 3 août 2006 à 22h50

Castella, le 11 juillet à Pampelune. A la sortie d'une passe poitrine, Rosario, toro d'Osborne, lui donne un coup de corne dans la cuisse droite. On voit le trou. Le sang coule. Avec son visage lisse de couteau à cran d'arrêt, Castella reste en piste, se croise encore plus, torée longuement, tue Rosario. Le président lui accorde une oreille qui en valait deux. Castella vient protocolairement le saluer, donne l'oreille à ses banderilleros pour le tour de piste, part lentement à l'infirmerie sous les cris de : «Torero ! Torero !» Les deux trajectoires du coup de corne font 30 centimètres. Il mettra quatorze jours pour se remettre.

Trois jours plus tard, c'est au tour de Ferrera. Son premier Victorino Martín l'encorne dans la cuisse droite. Il reste en piste. Son second l'encorne dans la cuisse gauche. Il reste en piste. Au final, deux oreilles et la queue. Clameurs de l'ombre et du soleil : «Torero ! Torero !» Ferrera : «Lorsque l'alguazil m'a donné la queue, j'ai ressenti quelque chose de très intime, comme de la solitude. J'étais là, en bas, et je me suis senti très torero.» Par comparaison, les footballeurs qui se tortillent sur le gazon au moindre bobo se sentent quoi ? Lombric ? Le torero n'est pas un lombric. Lors du colloque «Ethique et esthétique de la corrida» qui s'est tenu en décembre à Paris à l'Ecole normale supérieure, l'intervention du philosophe et directeur du département philosophie de l'école, Francis Wolff, portait sur l'éthique du torer