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Libération

«La solitude, une bonne base pour le succès»

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par Ake EDWARDSON
publié le 7 août 2006 à 22h52

A 12 ans, je me suis retrouvé en première page du journal local, j'avais sauté 1,65 mètre en hauteur et battu le record de ma catégorie. Ma mère était fière. Moi, je voulais sauter encore plus haut. Il fallait donc que je travaille ma course d'élan. Elle se composait de quelques pas lents puis d'un arrêt, de nouveaux pas, d'un arrêt, et enfin d'un saut vertical en hauteur à la limite de l'immobilité. De côté, la course d'élan devait surtout avoir l'air d'une seule grande hésitation. A 13 ans, j'ai remporté le championnat du district en courant 60 mètres en un temps qui était un nouveau record. Ma mère était très fière. L'année suivante, j'ai encore gagné. Le temps était, certes, le record des écoles suédoises. Ce n'était pas très important. Je travaillais toujours ma course d'élan au saut en hauteur, qui n'était pas encore bonne. C'était la même chose au saut en longueur, où ma rapidité aurait dû me donner une grosse avance mais où mes appuis ne fonctionnaient pas.

Course d'élan. J'ai grandi au sein d'une petite communauté dans la province de Småland, au sud de la Suède. Le paysage est clairsemé entre les petites villes et les villages. On peut même dire que c'est clairsemé entre les hommes. Les gens sont très repliés sur eux-mêmes. Il y a un silence assourdissant. Il y a une nostalgie. Vous devez me croire, car j'ai moi-même été l'un de ces nostalgiques. J'étais surtout replié sur moi-même quand je m'entraînais, puisqu'il n'existait pas de club réservé à l'athlétisme dans m