Le 24 mai à Madrid, le presque inconnu Alejandro Talavante triomphe comme novillero. Dans la foulée, il prend l'alternative et devient en un mois et une poignée de corridas le matador de l'année, voire plus. Le buzz taurin le transforme en nouveau messie de la tauromachie et lui martèle qu'il est là-dedans «pour faire quelque chose de grand». Vendredi, juste avant sa corrida à Huelva, une journaliste de la télévision andalouse le coince contre un mur et lui fait cracher trois mots dans son micro : «Est-ce que ton succès du 24 mai à Madrid a changé quelque chose dans ta vie ?» Réponse : «Ça m'a changé la vie, mais ça ne m'a pas changé moi.» Alejandro Talavante, 18 ans, garde les pieds sur terre. Surtout devant les toros.
Faena de l'unisson. A Huelva vendredi, Odioso, son premier toro de La Dehesilla, est un peu mou du genou. Il lui joue un tour de cochon. Il s'arrête au beau milieu d'une naturelle et du paso doble Jabugo joué par la Banda Nuestra Madre de la Consolación. Talavante, qui le torée les pieds bien à plat et au plus près, ne bouge pas d'un millimètre. Il est dans ce terrain «invraisemblable», écrivent les critiques taurins, où soit tu pars en cavalant, soit le toro t'attrape. Il est dans ce «sitio» irradiant où, dit-il, «se trouve [sa] tauromachie». Odioso n'a pas d'autre choix. Ce n'est même pas de la méchanceté. Talavante sait qu'Odioso va le faire valdinguer. Chiche. Odioso l'envoie en l'air, sans l'encorner. Talavante r