Je suis assez étonné d'apprendre que ça fait déjà dix ans. Je me souviens surtout d'une expulsion manu militari. Les flics avaient viré tout le monde, sans faire dans le détail. Par la force encore une fois, en France, on est très doué. J'étais scandalisé et choqué. Le plus révoltant est de voir ces familles débarquées en France et qui luttaient, expédiées du jour au lendemain.
Moi, je voyais ça de l'extérieur. Mais mon épouse, qui est professeur d'histoire, m'a ouvert les yeux sur ces étrangers qu'on vire. Je suis ami avec le chanteur Renaud avec qui j'ai discuté de la misère et de ces gens expulsés.
Et aujourd'hui, avec l'expulsion du squat de Cachan, on retombe encore dans le même travers. Rien n'a changé. Pendant un moment, on n'entend plus parler de rien, comme si les personnes en situation irrégulière avaient disparu, et puis on se réveille en se disant : «Tiens y'a un squat là-bas on va faire le ménage», et on envoie la cavalerie. Ne peut-on pas régler cette question autrement que par la violence ? Cela m'effraie.
Les lois Sarkozy, elles sont lamentables. Si le gars a le bac, il reste, s'il ne l'a pas, il part ? Lamentable. Les quotas ? Mais en étudiant vraiment au cas par cas les dossiers, en vérifiant que les critères appliqués sont les mêmes pour tous. Il faudrait aider les gens à s'en sortir, c'est fou les choses par lesquelles ils ont dû passer. Les gamins sont à l'école et sont intégrés ! Et au lieu de leur tendre la main, on leur balance «démerdez-vous».