Accroché aux contreforts de l'Auvergne, Montfaucon-en-Velay (Haute-Loire) semble sortir tout droit d'un film des frères Taviani. Du milieu de nulle part. Aux confins de l'Ardèche et du sud de la Loire, on y connaît des hivers longs et rigoureux striés par les vents. Depuis vingt ans, ce village en altitude perd des habitants (1 207 âmes recensées en 1999). Saint-Etienne et Le Puy-en-Velay sont à équidistance, une petite quarantaine de kilomètres. Si cela n'avait tenu qu'à lui, Willy Sagnol ne se serait pas rendu à cette journée de détection. Le mercredi aprème, en général, il le réservait à ses potes et au sport scolaire, «et cela me suffisait largement» confie-t-il d'emblée. Son père Jacky venait pourtant de découvrir dans le Progrès que l'AS Saint-Etienne organisait une séance de recrutement. Et on ne refuse rien à un paternel qui vous a initié au football et affublé d'un prénom qui rend hommage à un joueur néerlandais des années 70, Willy Van de Kerkhof, double finaliste de la Coupe du monde (comme un signe !). Depuis, le pater familias, VRP en matériel de chauffage à la ville, animateur de kermesses à la campagne, compile toutes les coupures de presse consacrées à son fils.
Tee-shirt Calvin Klein et veste cintrée, Willy Sagnol impressionne d'abord et surtout par son regard. De grands yeux ronds à la Mel Gibson qui scrutent l'horizon alentour. Cheveux courts noirs comme du jais, moustache incertaine, haute stature et douce voix, l'interlocuteur est mis à