Nîmes envoyé spécial
Million dollar horse. La feria des vendanges s'ouvrait vendredi sur ce spectacle d'un million de dollars caracolant en piste : le cheval Chenel du rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza. Autre prodige : Cayetano, le néomatador dont l'arbre généalogique est, on le sait, plus chargé de toreros patrimoniaux qu'un jujubier de jujubes. Ça tombe au poil avec les journées du patrimoine. Ça fait sens. Sa tauromachie, moins.
Cayetano le golden boy hérite d'un toro de Domingo Hernández en or. Delirio est petit, son armure est plus que modeste, sa bonne volonté inépuisable. Il va et vient avec une innocence de bedeau, il s'arrête quand il faut, repart quand on le lui demande, ne ferait pas de mal à une mouche. Il est sorti du toril quasiment prétoréé, comme il y a des nouilles précuites. Il était muni de la conduite assistée et du pilotage automatique. Certains toros sont maîtres dans l'art d'être esclave. Delirio tend ses oreilles au torero dynastique. Le torero dynastique fait avec élégance les gestes qu'il faut, mais aucune émotion ne s'imprime. Il récite. Il se déplace un peu trop entre les passes, s'approche avec des pincettes, et le parfum de son style s'évapore sitôt produit. On le regarde comme on feuillette les revues glacées chez le dentiste.
Déficit d'agressivité. On n'a aucune dent contre Cayetano qui débute, mais le public de Nîmes ne mord pas à son hameçon. El Juli, oui, il mord. Il comble le déficit d'agressivité de son premier toro en y déversant l