A quoi ressemble une gymnaste dans un bar ? A Isabelle Severino, 27 ans, haut en dentelle, grands yeux noirs, enjouée et sérieuse par intermittence. Elle lit l'Equipe. A part le football, elle s'intéresse à tout ce qui bouge. Une gymnaste à l'arrêt ressemble à une pause. On cherche les mimiques crispées des compétitions, les doigts tordus, le chignon serré, et on ne voit rien de cela. Patiemment, on reconstitue le modèle. La petite fille, raconte-t-elle, a été hypnotisée par des images. La télé diffusait les épreuves de gym des JO de Séoul. Adieu fées, carrosses, princesses : «Je voulais devenir championne olympique.»
Pourquoi passer vingt ans à faire des acrobaties ? «La gym, c'est la base, on apprend à se connaître, à se mouvoir dans l'espace. Ça peut aider à pratiquer d'autres sports. Si je joue au tennis, je sais me placer par rapport à la balle.» La gym gomme les mauvais réflexes, avec des évidences pratiques : «Marcher avec des talons, par exemple. Je vois des copines risquer la foulure, moi, je ne me fais pas mal. Je fais des roulades sur les trottoirs.»
Apesanteur. Pourtant, après Athènes, la figure de proue de l'équipe de France avait décidé d'en finir avec ses trente-cinq heures d'entraînement hebdomadaire. «J'en avais besoin personnellement. Ma carrière s'est arrêtée mais aussi enrichie.» Isabelle a tourné dans un film, fait de l'aérobic , s'est occupée de sa société de communication. Bizarrement, c'est cet éloignement qui l'a fait