Que dit un solitaire de son voilier et que raconte un bateau de son skipper ? Ils s'inventent un univers qui ne durera qu'une quinzaine de jours. Une histoire pour toujours ?
Sur Sill et Veolia (monocoque Imoca de 60 pieds), Roland Jourdain est un jockey sentimental. «J'ai tendance à avoir avec le bateau la relation que pourrait avoir un cavalier avec son cheval. Pour moi, mon bateau est un mec. C'est tour à tour "mon pote", "mon bébé".» Son bateau n'a pas deux ans et il se comporte en adolescent. «Il a les problèmes de son âge. Dans le Vendée Globe, il était déséquilibré... On apprend à se connaître : il grince, couine et me renseigne sur son état de santé. Il est comme un gamin qui grandit.» Et avec l'expérience, il voit se dessiner ses penchants, il comprend qu'il sera plus adapté à telle ou telle circonstance de mer.
Pour le reste, le voilier est une évolution du précédent. Roland a indiqué à l'architecte un certain nombre d'aménagements, s'est intéressé à l'ergonomie pour manoeuvrer sans dépenser d'énergie inutilement. «La couchette est presque exactement à ma taille. Un plus grand à bord se cognerait partout.» Tout est fait à l'intérieur pour le protéger, économiser l'espace. «Le roof me caresse les cheveux.» Roland l'a voulu nerveux et puissant. Et quand ils partent un dialogue s'instaure. «Je lui parle, il me parle encore plus. Il vibre, je l'écoute. Chacun, nous devenons un peu barjos au bout d'un certain temps. Quand il y a embar