L'homme aux sourcils comme des buissons ardents, aux mains comme des battoirs et à la force d'Hercule forain était, en soirée, sur le point de concasser de quatre jours le record de Laurent Bourgnon qui tenait depuis 1998. «Physiquement, Lionel est impressionnant. C'est un mec doux, mais pour autant c'est pas le genre de type que tu vas emmerder [rires]. C'est la victoire du marin à l'ancienne : calme et efficace, un peu le même profil que Bernard Stamm, avec boucle d'oreille et gueule burinée», témoigne Yann Eliès, équipier lors du record du Jules-Verne à bord d'Orange II, skippé par Bruno Peyron et dans lequel Lionel Lemonchois était l'un des chefs de quart. Lionel, depuis vingt ans, était éclairé par une lampe de chevet. «Reconnu pour ses compétences, par ses pairs, mais relativement méconnu du grand public : ça va lui faire tout drôle, cette arrivée...», envisageait son camarade normand, le marin Halvard Mabire. Lemonchois s'apprête à découvrir, dès ce matin, l'éclairage aveuglant de la notoriété. «J'espère que les potes me recadreront si jamais j'étais amené à péter un câble», disait-il en se marrant dans les dernières vacations avant de toucher au but.
C'est toujours hasardeux de dresser le portrait du vainqueur avant que la ligne ne soit franchie. Stève Ravussin, par exemple, alors en tête, il y a quatre ans, s'était endormi. Son trimaran, sous gennaker (voile d'avant), s'était retourné et le Suisse s'était traité de «couillon comp