«J'ai essayé de partager la détresse des coureurs. Plus ils sont forts, plus ils sont parfois fragiles. La genèse du dopage peut passer par ces moments d'extrême détresse. Mais cela n'intéresse pas grand monde...» Voilà la douloureuse conclusion de l'un des anciens médecins de Cofidis, le docteur Jean-Jacques Menuet, qui témoignait hier devant le tribunal de Nanterre. Nutritionniste puis médecin de l'équipe, juste après le scandale Festina de 1998, il prétendait offrir par son écoute et sa pratique une alternative à la «culture de la seringue» qui sévissait encore dans l'équipe selon le mot de Philippe Gaumont, son enfant terrible. Cinq ans plus tard, il démissionne, ébranlé par sa garde à vue en janvier 2004 et écoeuré par les accusations de certains de ses anciens coureurs qu'il côtoyait en course, soixante-dix jours par an. C'est un homme amaigri et ravagé par cette expérience qui s'est présenté hier à la barre des témoins. Un grand escogriffe qui semble encore accablé par le poids des secrets médicaux.
Gaffes. Au lieu de témoigner, Jean-Jacques Menuet se justifie d'emblée, précisant le rôle du médecin d'équipe qui n'est ni un expert ni un médecin d'aptitude. A chaque question, il multiplie gaffes et maladresses. «Vous êtes témoin, pas prévenu», lui lance, cinglante, la présidente Ghislaine Polge quand il justifie les 37 000 euros annuels d'achats de médicaments licites à la grande pharmacie de Lille. Une quantité jugée effarante par le tribunal pour d