Quiconque a regardé le match des Néo-Zélandais samedi soir au Stade de France reconnaîtra et a fortiori s'il a vu les deux tests admettra le déterminisme comme concept sportif. Il faut rendre grâce encore une fois aux Blacks d'avoir subtilisé aux Anglais les règles du rugby pour les adapter à l'originalité de leur terre multiraciale et pensante. Ici pas de leçon de tableau noir, bien que le match s'y prête. Evacuons la question en une action : le premier essai des Polynésiens. Pour la France, il arrive au mauvais moment (fin de première mi-temps) pour une raison comptable et psychologique après une mauvaise relance française selon Bernard Laporte. Bref, les Blacks se détachent au score concrétisant quarante minutes d'un jeu qu'ils avaient orchestré de A à Z, après une série de maladresses individuelles, sans quoi il y aurait eu un Lyon bis. Pour l'entraîneur Kiwi Graham Henry, cet essai, «ce n'est pas exactement» la conséquence d'une erreur française, plutôt l'aboutissement «des nombreuses opportunités que nous avons eu précédemment de marquer». Logique donc. Et, au-delà, pour les yeux, c'est un magnifique mouvement global d'une équipe irrésistible dès lors qu'elle s'ouvre en éventail andalou selon un maillage entre les lignes éprouvé, d'une idée commune du jeu que seule une erreur de main, une glissade, pourrait laisser filer. Cette seule action est la raison qui pousse le public à regarder du rugby.
Faire courir. Que voit-on ? A l'échauffement, les Blacks