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Libération

Hommage et dégommages

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publié le 4 décembre 2006 à 0h21

«Que ceux qui ne veulent pas être filmés se rabattent vers le centre du cortège. Et n'oubliez pas : pas de débordements, ils n'attendent que ça pour vous rentrer dedans.» Deux types sortent leur cagoule. Un autre réajuste le foulard ­ noir ­ qui lui cache le visage. La plupart n'esquissent pas le moindre geste : inutile, ils sont masqués depuis le départ ; 1 500 supporteurs du Paris-SG ont rendu hommage, hier, à Julien Quemener, abattu par un policier le 23 novembre au soir. Entamée devant le siège du club, rue du Commandant-Guilbaud, la marche silencieuse s'est achevée 800 mètres plus loin, place de la Porte-de-Saint-Cloud, dans l'encoignure où leur camarade a pris la balle. Là, il y a de grands bouquets de jonquilles, des écharpes du Paris-SG et quelques messages accrochés au mur : «Pourquoi ?»,«RIP» (pour Rest in peace, «repose en paix»), «Justice pour Julien Quemener».

Cache-cache. L'impression générale est étrange, ambivalente. Avant de mettre genou à terre devant l'autel de fortune pour marquer le recueillement, les supporteurs présents se sont parfois laissés aller à une partie de cache-cache. Un coup dedans à défiler, un coup dehors à filmer avec le portable. Mais qui filme ? «Un flic avec une caméra, là-bas sur ta gauche... Gaffe ! ­ Non, un journaliste... Sale race.» Avant le départ du cortège, la «sale race» avait été invitée à faire bande à part par des policiers en civil. Clairement, la presse n'est pas la bienven