«Que ceux qui ne veulent pas être filmés se rabattent vers le centre du cortège. Et n'oubliez pas : pas de débordements, ils n'attendent que ça pour vous rentrer dedans.» Deux types sortent leur cagoule. Un autre réajuste le foulard noir qui lui cache le visage. La plupart n'esquissent pas le moindre geste : inutile, ils sont masqués depuis le départ ; 1 500 supporteurs du Paris-SG ont rendu hommage, hier, à Julien Quemener, abattu par un policier le 23 novembre au soir. Entamée devant le siège du club, rue du Commandant-Guilbaud, la marche silencieuse s'est achevée 800 mètres plus loin, place de la Porte-de-Saint-Cloud, dans l'encoignure où leur camarade a pris la balle. Là, il y a de grands bouquets de jonquilles, des écharpes du Paris-SG et quelques messages accrochés au mur : «Pourquoi ?»,«RIP» (pour Rest in peace, «repose en paix»), «Justice pour Julien Quemener».
Cache-cache. L'impression générale est étrange, ambivalente. Avant de mettre genou à terre devant l'autel de fortune pour marquer le recueillement, les supporteurs présents se sont parfois laissés aller à une partie de cache-cache. Un coup dedans à défiler, un coup dehors à filmer avec le portable. Mais qui filme ? «Un flic avec une caméra, là-bas sur ta gauche... Gaffe ! Non, un journaliste... Sale race.» Avant le départ du cortège, la «sale race» avait été invitée à faire bande à part par des policiers en civil. Clairement, la presse n'est pas la bienven