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Libération

«Substitute», la complainte d'un cireur de banc

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publié le 10 janvier 2007 à 5h22

Raymond Domenech, qui fait des séminaires sur la gestion des ego (lire ci-dessous) dans une équipe de football, pourrait venir la prochaine fois avec sous le bras une copie de Substitute, le film de Vikash Dhorasoo et Fred Poulet (1). Le film n'apprend rien de l'aventure sportive de l'équipe de France lors de la Coupe du monde en Allemagne, puisqu'il s'agit de rendre compte des états d'âme d'un joueur remplaçant, par définition marginalisé. Substitute, en grande partie filmé par Dhorasoo lui-même dans ses chambres d'hôtel, montre comment un joueur qui croit au départ avoir une carte à jouer («Ce que l'entraîneur attend de moi, c'est de sonner la charge. Prendre le ballon, y aller, créer. Il croit en moi pour cela», dit-il au début) prend conscience que l'aventure collective prend corps sans lui, qu'il n'arrive pas à y trouver une place et qu'il finit par y devenir totalement étranger.

«Privé de dessert». Il faut un certain temps à Dhorasoo pour saisir qu'il ne figure pas dans les plans de l'entraîneur. Ce qui explique que ce carnet de bord commence poussivement. Car Dhorasoo arrive en Allemagne dans la peau d'un joueur de foot : il se tient à distance du projet esthétique de Fred Poulet et se montre même un poil embarrassé par les deux caméras super-huit que le réalisateur lui a confiées. D'ailleurs, lors du premier tour où il joue une poignée de minutes (16 en deux matchs), Dhorasoo ne livre pas grand-chose, ce qui oblige Poulet (qui se filme abondammen