Il y avait l'antienne irlandaise du fighting spirit d'un sport ultraminoritaire qui faisait dire aux joueurs qu'ils n'aimaient rien tant que d'être menés au score pour mieux se convaincre de rentrer dans le match et donc d'entretenir l'espoir de gagner. Il y avait cette critique culturelle qui voyait le rugby irlandais comme le seul carnaval autorisé aux brillants étudiants pudibonds de l'île. Il y avait enfin cette appréciation des techniciens de tous poils stigmatisant un jeu d'avants intellos métamorphosés en bêtes sauvages dès qu'ils enfilaient le maillot, et un jeu d'arrières dépendants d'ouvreurs dont les passes tombaient «malencontreusement» sur leurs pieds. Etrange. Finalement, la seule raison pour laquelle Britanniques et Français admiraient les Verts était que tous jouaient ensemble : ceux de l'Ulster, ceux de l'Eire et les autres, les exilés.
Système centralisé. Il y a une dizaine d'années, l'arrivée du professionnalisme et l'augmentation des rencontres internationales (Coupes d'Europe et du monde, Ligue celtique) ont accéléré la progression des meilleures équipes. La fédération irlandaise s'est décidée à optimiser son petit potentiel sur sa base traditionnelle : la Coupe des provinces. En Irlande, le championnat des clubs a toujours cédé devant ce tournoi à quatre (Munster, Leinster, Ulster et Connacht) où se retrouvent les meilleurs. Parfait exemple de cette concentration extrême de l'élite, le Munster compte en gros les avants et les demis de l'équipe na