Menu
Libération

Clément Poitrenaud

Article réservé aux abonnés
publié le 3 février 2007 à 5h50

Clément Poitrenaud joue arrière, un poste ingrat, celui du puni de la classe, quatre-vingts minutes au coin, un poste qui le fait souvent sortir du champ de la caméra lors des retransmissions. Dommage, car en plus de son petit look de «fashionisto», le métrosexuel à barbe a aussi des jambes de feu pour remonter les ballons. Depuis dix sept ans qu'il tripote l'ovale, Clément Poitrenaud n'a jamais connu que le Stade toulousain. Formé, déformé selon certains, à l'école Novès, il a appris la liberté d'expression, l'imagination, cultive son imprévisibilité, ose et commet inévitablement des bourdes. Entre mèche enflammée et pétard mouillé. Parfois, Clément décroche, plutôt que le ballon il regarde aux alouettes. Espérant donner du rythme, il se précipite et cafouille. Les pieds dans le tapis vert. Un placage raté, une mauvaise appréciation d'un rebond sont autant de choses qui ne pardonnent pas en position de dernier défenseur. Un dérapage, et les Wasps repartent avec la Coupe d'Europe en 2004, une faute d'inattention, et les Roumains plantent un essai en terrain bleu l'été dernier.

Il n'a pas 20 ans quand Bernard Laporte le sélectionne pour la première fois, en novembre 2001, face à l'Afrique du Sud. Régulièrement appelé, il n'entend plus la Marseillaise à partir de 2004, l'expression «faire une Poitrenaud» passe dans le langage pour désigner les boulettes. Ejecté du banc car trop instinctif, il dérangeait les plans d'un jeu figé, mais régalait les amateurs d'enthousiasme,