Les Sables-d'Olonne envoyé spécial
Philippe Jeantot n'est plus que l'ombre de lui-même. L'ancien navigateur, 54 ans, fracturé de partout après un accident de parapente en 2004, ruiné depuis sa faillite personnelle prononcée en 2006, a comparu lundi et mardi devant le tribunal correctionnel des Sables-d'Olonne (Vendée). Déjà condamné pour fraude fiscale, il est cette fois jugé pour abus de biens sociaux au détriment de Sail Com, société organisatrice du Vendée Globe. Le procureur Jean-Luc Beck résume sa version des faits: «Monsieur Jeantot et ses amis ont petit à petit parasité le Vendée Globe, devenu leur pompe à fric.» Il requiert six mois ferme. Le marin, qui met un point d'honneur à refuser le RMI, reconnaît qu'il «paie très cher une erreur grossière».
Pari. A la demande du tribunal, Jeantot revient sur l'histoire du Vendée Globe: «Un pari entre trois copains dans un bar de Sydney.» A son corps défendant, ce défi unique est devenu épreuve régulière: «Je me suis retrouvé organisateur malgré moi.» Il insiste sur son désintéressement lors de la première édition: «J'y suis allé de ma poche. En mer, je téléphonais encore aux sponsors.» Avec le deuxième Vendée Globe, se pose la question de sa rémunération. Il pourrait se faire salarier par Sail Com, dont il est coactionnaire avec sa mère. Trop simple. Après un premier redressement fiscal, Jeantot n'entend visiblement pas laisser une miette aux impôts. Entre deux Vendée Globe, il navigue en famil