Nord envoyée spéciale
Troisvilles, premier secteur pavé du Paris-Roubaix et première étape de la reconnaissance du parcours. Au bistro Chez Françoise, la patronne est affable. Dans la salle, les anciennes gloires de la région, Jean Stablinski, Jean-Marie Leblanc, les organisateurs de la course, Christian Prudhomme et Jean-François Pescheux, et les petites vedettes locales sont attablées devant une omelette. Avant-dernière reconnaissance du tracé, à moins d'une semaine de l'épreuve, et présentation officielle des nouveaux secteurs. Un raid sur les 52,7 km de pavés du Nord : le pavé est sec ; les mini vans du Tour, poussiéreux.
Premier arrêt du côté de Haveluy. Le pavé est jaune rosé et tronçonne les champs. «Il y a dix ans, on ne voyait plus la route, c'était recouvert de terre», se souvient Jean-François Pescheux. Les tracteurs arrivés en bout de champ y faisaient demi-tour ou égouttaient les socs de leur charrue, déposant de grosses mottes de terre argileuse. Renseigné par les gens du coin, Jean-François Pescheux sortit la pelle et commença à creuser. Les pavés ont fini par ressortir.
Du Denaisis au Valenciennois, les hommes changent d'accent, la terre de couleur et les coureurs avec. Pour Stablinski, il y a LA tranchée, la fameuse Wallers-Arenberg. Le petit homme aux cheveux gris résume le mythe et la crainte que ces 2 400 mètres d'enfer inspirent. Dans les années 60, les pavés sont lentement avalés par des langues de bitume. Pour sauver la course, Stablinski mentionne