C'est comme ça depuis quarante-huit jours. Des grappes d'hommes sur les trottoirs qui se tordent le cou pour apercevoir un écran plat. A Paris, sur les télés des restaurants du Xe arrondissement, on ne passe plus en boucle des clips de Bollywood. Les épiceries restent ouvertes plus tard et les commerçants jettent à peine un oeil aux clients qui déambulent entre les étals. Depuis quarante-huit jours, les communautés indienne, sri lankaise et pakistanaise de Paris sont scotchées à un événement mondial qui nous échappe un peu : la Coupe du monde de cricket, disputée dans les Caraïbes. «Ça concerne pourtant presque une moitié de la planète, note David Bordes, qui cumule les fonctions administratives, sportives et de communication de la toute petite Fédération française de cricket et de softball (1). Un milliard d'Indiens, des grandes nations sportives comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Et je ne parle pas de l'Angleterre. Mais on finira par y venir.» En attendant de voir s'installer ce sport en France, c'est dans les cantines sri lankaises et sur les trottoirs du nord de Paris qu'on peut suivre cet événement planétaire.
La boutique de Tamoul média service, sur le boulevard de la Chapelle dans le XVIIIe arrondissement, fait partie de ses repaires d'amateurs de cricket. Il suffit de voir l'attroupement devant la vitrine. Sur la vitrine, une photocopie du programme des matches est scotchée de traviole. Tous les jours, le patron rajoute les résultats. Un bon moyen