Fin 2006, alors que le Suisse Roger Federer volait sur les courts, Libération était allé chercher les explications de cet état de grâce auprès de Pierre Paganini, son fidèle préparateur physique. Paganini, en homme prudent et avisé, avait répondu : «Il y a aujourd'hui une formidable harmonie entre l'homme qu'il est, le joueur, et l'athlète qui est au service de tout cela. Mais il est impossible de dire combien de temps cela va durer. Dans ce sport, d'un jour à l'autre, tout peut changer. Moi, je n'ai pas connu Federer perdre quatre fois d'affilée au premier tour, parce que cela ne lui est jamais arrivé. Comment réagirait-il ? Quelle influence son corps peut avoir sur son état mental, et vice versa ?» Six mois plus tard, deux jours après la défaite cuisante du Suisse contre l'Italien Filippo Volandri à Rome, le cas d'école imaginé par Paganini prend presque corps. La machine Federer connaît d'inhabituels ratés à répétition.
Règne. Pour la première fois depuis 2003, le numéro 1 mondial a disputé quatre tournois de suite sans être capable d'en remporter un. Le Suisse vit la période la plus tourmentée de son règne, entamé en février 2004. L'année 2007 avait pourtant parfaitement commencé pour Federer, qui avait survolé l'Open d'Australie sans perdre le moindre set. Les choses, depuis, se sont gâtées. Début mars, à Indian Wells, sur un court en dur qu'il affectionne pourtant, Federer s'est d'abord cassé les dents sur le jeu de défense de l'increvable Argentin Guille