Dans le milieu sportif, l'histoire est connue : Catherine Tanvier, tête de pont du tennis féminin français dans les années 80, végète ruinée et RMiste à Nice, hébergée par sa mère. Spectaculaire, et regrettable, évidemment. Mais sur le fond, rien d'extraordinaire : après tout, Catherine T. reconduit le cas du dévissage de champion, avec ses ressorts les plus communs corps cassé par les blessures, gains mal gérés, reconversion peu ou pas du tout préparée, entourage instable ou de mauvais conseil... Le basketteur Hervé Dubuisson (dépression suite à un grave accident de moto), le rugbyman Marc Cécillon (meurtrier de sa femme) ou encore la skieuse Carole Merle (ruinée) sont autant de déclinaisons récentes du scénario.
Et puis voilà ce livre, signé Catherine Tanvier : Déclassée/De Roland Garros au RMI (1). Un livre qui raconte tout ça, grandeur et décadence de la vie de sportif de haut niveau, mais rien à voir avec l'autobiographie classique escomptée : on se retrouve face à une véritable entreprise littéraire. Déclassée est une autofiction en fusion qui fait penser à Tarnation, ce journal intime en photos et vidéo avec lequel l'Américain Jonathan Caouette avait sidéré la Croisette en 2003. Un truc inclassable, qui oscille entre brûlot et lamento, SOS et Scud. Bancal, baroque, barré, mais indiscutablement singulier et émouvant. En tout cas si on en supporte la lecture.
Monologue. Dès le prologue, trois phrases sonnent comme un avertissement : «J'étais seul