Le public de Roland-Garros entretient un rapport particulier avec Amélie Mauresmo. Il voudrait bien que la Française gagne le tournoi, comme elle a gagné Wimbledon ou l'Open d'Australie l'an dernier, mais, quitte à ce qu'elle perde, autant qu'elle le fasse dans une de ces défaites humiliantes dont l'ancienne numéro 1 mondiale est coutumière à Paris. Il s'agit dans les deux cas de chauvinisme : il faut que la Française soit exceptionnelle, aussi bien dans le triomphe que dans la déroute. Jeudi, elle affrontait sur le court Philippe-Chatrier sa compatriote Nathalie Dechy, comme elle née en 1979 et comme elle participant pour la treizième fois au tournoi. Les rencontres entre Français sont réputées depuis longtemps pour produire des matchs médiocres. Amélie Mauresmo relève d'une opération de l'appendicite qui fait que, depuis qu'elle a pu rejouer, la défaite lui est devenue plus familière que la victoire : tout était en place pour que la partie ne soit pas d'une qualité extraordinaire. De ce point de vue, les attentes furent comblées au-delà de toute attente.
Le match commença à 16 h 30 sous un ciel pas encore menaçant. Dans les gradins, la foule des petits jours était là pour assister à un festival de coups perdants, des services qui sortaient d'un mètre pour assurer la double faute, des boisés qui s'élevaient à des hauteurs inattendues, un manque total de continuité entre les frappes débouchant sur un total manque de passion d'un public dont les applaudissements ressemblaient