On a gardé le souvenir de joueurs différents. Une soirée de juin 2006 au RheinEnergieStadion de Cologne, flambant neuf en pleine forêt. Un Ukraine-Suisse nul et vierge (et nul) dont nous n'avons retenu que les courses, très particulières, des Jaune et Bleu. Car elles viennent de loin, du fond des âges, de ce rêve d'équipe soviétique où les onze joueurs vivent et meurent égaux en droits. La différence : un footballeur ukrainien termine toujours sa course quoi qu'il en coûte, même quand le ballon est donné trop profond c'est-à-dire perdu.
«Rigueur». Mais putain, pourquoi ces gars-là sont-ils les derniers à courir comme des malades ? Parce que le foot est un sport de contact et que quand le ballon est perdu il reste à tanker l'adversaire. Parce que l'aboutissement d'une course vaut pressing, effort commun, conquête de l'espace ; quelques mètres de terrain gagnés ensemble. Il n'y a plus que l'Ukraine d'Oleg Blokhine pour monter ça et que l'on ne nous parle pas des joueurs russes, portés disparus sur l'autel de l'import-export et de ce football dérégulé et labyrinthique du XXIe siècle.
L'Ukraine, c'est un bastion. Les Bleus devront le prendre d'assaut samedi soir à Saint-Denis (1), et ça comptera (et plutôt deux fois qu'une) pour les éliminatoires de l'Euro austro-suisse de 2008. Florent Malouda : «Ces gars-là aiment la lutte et les duels. Ils mettent de la densité, de la rigueur ; et en plus, les défenseurs utilisent une dose de marquage individuel.» Mâtin ! Chez