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Libération

Le miracle de saint Morante

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Seul contre six toros, le Sévillan se montre morne face aux cinq premiers. Mais le sixième…
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publié le 14 juin 2007 à 8h36

A Madrid, mercredi 6juin à 20heures30, Morante de la Puebla est un torero cassé. Cassé physiquement, sans doute moralement. Audaz, le cinquième des six toros qu’il affronte seul et gratuitement pour la corrida de la Bienfaisance, vient de l’envoyer en l’air et de le tabasser violemment d’un coup de plat de corne au visage. Ses péons l’emportent vite à l’infirmerie, mais, pour les spectateurs, c’est cette si attendue corrida qu’on emporte vers l’anesthésie. Le modeste torero remplaçant Alejandro Castro tue Audaz. Il ne s’est, jusque-là, rien passé. Ou si peu. A l’exception de Camorrista, premier toro, un Gavira, les toros d’élevages différents, souvent fades et sans jeu, sortaient du toril et finissaient dans la salle d’équarrissage sans que Morante puisse incruster dans Las Ventas la grande émotion que sa profonde et singulière tauromachie promet souvent et dispense parfois. Morante, cerise et or, un foulard de soie verte en guise de cravate, portait, au paseo, une relique vénérée de l’histoire de la corrida: la cape noire de Joselito endossée pour le deuil de sa mère et passée ensuite entre les mains de Rafael ElGallo puis d’Antonio Ordoñez. Lequel la prêtera à Antonio Bienvenida pour, le 5 octobre 1974, les adieux du meilleur des Bienvenida dans les arènes de Vista Alegre. Bienvenida tué au cours d’une tienta un an plus tard, Ordoñez n’a jamais revu cette cape qui a ressurgi on ne sait trop comment mercredi, où Morante a d’abord raté un premier rendez-vous avec le vaillant