Disons le tout net, Marion Bartoli, 22 ans, qui dispute aujourd'hui sa première demi-finale d'un tournoi du Grand Chelem, est nettement moins glamour que Maria Sharapova. Et elle aiguise moins les curiosités qu'Amélie Mauresmo. Son bagage technico-physique est aussi épais que l'annuaire téléphonique de Retournac (Haute-Loire), le village où elle a appris à jouer au tennis dans un boulodrome au toit fuyant. Un lieu si exigu qu'elle en a gardé, au service, le geste raccourci sans lequel, gamine, elle aurait cassé ses raquettes à force de taper contre les murs. Pour compiler tout ce que sait faire Justine Henin, son adversaire du jour, il faut plutôt un bouquin, format Bottin de Pékin. A tous points de vue, la Française est l'antithèse de la Belge, avec laquelle elle ne partage que la volonté qui fait les championnes.
Bartoli et son père
Le fonds de commerce émotionnel de Justine Henin, c'est l'absence de la mère, la fêlure consécutive à sa mort, la longue rupture avec le père (revenu dans le circuit cette année). Le fonds de Marion Bartoli, c'est «jamais sans mon père». Walter, médecin, qui, au début des années 2000, bazarda son cabinet auvergnat pour se consacrer à sa fille. Pygmalion, entraîneur autodidacte et empirique s'abreuvant à toutes les sources tennistiques, metteur en fiches compulsif des adversaires, agent et concocteur du calendrier de sa fille longtemps cataloguée «grande joueuse de petits tournois» pour sa propension à aller glaner des points WTA (elle est