En larmes, et dans le costard blanc du roi de Londres qu'il avait revêtu au début de la quinzaine, Roger Federer a rejoint Björn Borg. Vainqueur - 7-6 (9-7), 4-6, 7-6 (7-3), 2-6, 6-2 - d'un match somptueux face à Nadal, le Suisse a remporté hier son cinquième titre de rang sur le gazon de Wimbledon. Federer a gagné ce match, son onzième tournoi du grand chelem - le plus beau sans doute - à l'huile de coude, au courage, et au génie pur, qu'il a convoqué au milieu du cinquième set pour enlever une rencontre jusque-là étouffante d'indécision.
Cocu. Björn Borg avait été invité à assister à la finale dans la loge royale. Il a été bonne poire de venir. Le Suédois, qui n'avait remis les pieds sur le central de Wimbledon qu'une fois, était sûr d'être le cocu de la journée. Seul homme à avoir gagné cinq Wimbledon de suite et dernier joueur à avoir enchaîné une victoire à Roland-Garros puis à Londres, il était assuré, quoi qu'il advienne, de perdre l'exclusivité d'un de ces deux titres de gloire. Au moins le Suédois a a-t-il été consolé par le spectacle, qui n'eut rien à envier à la finale qu'il livra contre McEnroe en 1980.
On ne prend pas de risque en le disant : rien ne sera jamais facile pour Federer contre Nadal. Ni sur gazon ni nulle part. Il paraît que le lift de coup droit de l'Espagnol ne gicle pas sur herbe ? Mince alors. Ça ne l'empêche pas de tirer des salves de points gagnants et de relever comme à la cuillère les slices de revers réputés injouables que Federer enter