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Libération

Les cols des fans

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par Thierry PELLETIER
publié le 14 juillet 2007 à 8h48

Le foot n'a pas le monopole du chauvinisme imbécile ! En 1950, Gino Bartali décide, au soir de l'étape Pau-Saint-Gaudens qu'il vient pourtant de remporter, de quitter le Tour. Solidaires, Fiorenzo Magni, porteur du maillot jaune, et l'ensemble des coureurs italiens, abandonnent également. Dans le col d'Aspin, des excités ont fait chuter Gino «le pieux» et Robic. Mais tandis que Robic, alias «Biquet», alias «Tête de Cuir», remis en selle en moins de deux, est propulsé à grands renforts de «poussettes» vers les cimes, le vieux campionissimo (36 ans) est retenu, molesté et gratifié d'un tas de noms d'oiseaux pas de chez nous. Il doit faire le coup-de-poing pour se dégager. L'année précédente, des néofascistes italiens avaient lapidé les coureurs français lors d'une incursion du Tour en Italie.

En 1904, deuxième édition du Tour, des supporters stéphanois ont trouvé un moyen simple et efficace pour favoriser Faure, le champion local. Celui-ci, dans la combine, s'échappe et passe en tête dans le col de la République. Ses partisans n'ont plus qu'à tomber à bras raccourcis et à coups de gourdins sur les suivants. L'Italien Gerbi a droit à un traitement de faveur. Littéralement lynché, il a un doigt sectionné sur son guidon. Dix ans seulement s'étaient écoulés depuis les sanglantes ratonnades anti-italiennes d'Aigues-Mortes.

En 1937, conspués par le public, les coureurs belges abandonnent collectivement, certains affirment avoir reçu du poivre dans les yeux. En 1975, Eddy Merck