Antoine, fameux photographe lyonnais, avait deux fils qui étaient des lumières. C'était d'ailleurs leur nom : Auguste et Louis Lumière. Ils ont inventé le cinématographe et envoyé des opérateurs filmer de par le monde tout ce qui leur tombait sous l'obturateur. La pêche aux poissons rouges, les chasseurs alpins et aussi la corrida. Ainsi Alexandre Promio, opérateur Lumière, filme par hasard une course, le 14 juin 1896 à Madrid. On n'en verra que le début, l'Arrivée des toréadors, Mazzantini, Bombita, Gómez de Lesaca, Villita. Il n'y avait pas assez de lumière, un comble, pour le reste.
Les Lumière ne sont pas les premiers à mettre la tauromachie sur celluloïd. L'étude de Thierry Lecointe (1) nous apprend que l'Américain J. Rector a, au Mexique, enregistré Bullfight in Juarez quatre mois avant. Entre le Rocher de la Vierge et Une entrée de navire à la barre, l'oeuvre d'Auguste et Louis Course de taureaux sera, joli hasard, projetée pour la première fois à Biarritz, où la corrida a vu le jour en France plus d'un siècle auparavant.
Les scènes taurines des Lumière ont une finalité cocasse. Elles sont projetées dans un joyeux melting-pot, entre les Tribulations d'une concierge, la Pêche aux crevettes,le Squelette joyeux,la Poule miraculeuse ou le Nègre gourmand, et servent de divertissements à des conférences sur, par exemple, «Les événements de Chine». Pour beaucoup, la corrida n'est jamais sortie de ce foutoi