Dans le petit monde du tennis, une défaite de Federer est toujours un événement. Celle subie dimanche soir par le numéro 1 mondial en finale du Masters Series de Montréal, l'est à plusieurs titres. Parce qu'elle annonce peut-être - sans doute ?- un ménage à trois au sommet du tennis mondial. Dans le rôle de troisième homme, un «gamin» de vingt ans, le Serbe Novak Djokovic qui a prouvé au Canada qu'il avait les armes pour battre coup sur coup Rafael Nadal (en demi-finale) et Roger Federer (en finale). C'est simple, personne ne s'était jamais offert les deux hommes dans le même tournoi. Pour enluminer le CV du Serbe, ajoutons qu'il avait dominé en quart l'Américain Andy Roddick. Soit une trilogie numéros 1-2-3 mondiaux jamais réalisée depuis Boris Becker en 1994. Voilà pour les statisticiens compulsifs.
Mais le talent du Serbe ne tient pas dans ce genre de chiffres. Il se dessine aussi dans la manière dont il a écoeuré Federer, qui ne perd en général en finale que contre Nadal et sur terre battue. Dimanche, Djokovic n'a rien trouvé de mieux que sauver six balles de premier set avant de rosser le maître au tie-break (7-2). En retour il a pris une fessée dans la deuxième manche (2-6). Mais c'est dans la troisième qu'on a vu ce dont il est capable. Il breake Federer d'entrée. Aligne trois jeux de service blanc avec d'ahurissants pourcentages de première balle. Se remet d'un break subi à 4-3 qui aurait envoyé tout autre que lui en arrêt maladie longue durée pour dépression carabiné