Guy Roux, ce fut indissociablement l'Association de la jeunesse auxerroise (AJA), qu'il entraîna de 1961 à 2005, 890 matchs de Ligue 1 et un miracle : la permanence d'une ville moyenne dans l'élite hexagonale quand, dans le même temps, le football devenait l'activité la plus dérégulée - et la plus opaque - du monde. L'argent fait tout, dans l'Yonne comme ailleurs. Le génie du natif de Colmar (Alsace) fut de l'enrober beaucoup mieux que d'autres.
Avant-gardiste. Son dernier coup d'éclat lensois : avant chacune de ses apparitions publiques, Guy Roux prenait la peine de masquer le logo de l'équipementier du RC Lens avec un morceau de sparadrap, faute d'avoir négocié un contrat perso. Une innovation : si les joueurs de Ligue 1 ont pris l'habitude de peinturlurer leurs chaussures en attendant le bingo, les contrats «textiles» du club employeur étaient jusqu'ici respectés. Plutôt que d'y voir une marque de vénalité, on peut y déceler une sorte d'attitude avant-gardiste. Simultanément, l'homme fait pleuvoir les références paysannes : «Il ne faut pas faire le coq qui chante avant d'avoir pondu !», un must sorti fin juin.
Au moment de sa signature à Lens : «A cet âge (68 ans), le général de Gaulle ne savait pas qu'il allait être président aussi longtemps, et François Mitterrand n'en était qu'à son premier mandat.» Manière de dire qu'il ne dépareille pas dans ce paysage-là. Nous l'avions rencontré en août 2005, alors qu'il entamait une semi-retraite à l'AJA après la