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Libération

1947, une belle saison pour mourir

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Manolete était tué en août d'un coup de corne à l'aine droite. Une hécatombe de toreros a suivi.
publié le 30 août 2007 à 9h25

Le 28 août 1947, il y a soixante ans, le toro de Miura Islero tue un zombie : Manolete, décédé d'ailleurs le 29. Manolete, à cette époque, est dépressif, épuisé. On lui injecte des fortifiants, des extraits de glande surrénale. Depuis au moins trois ans, il prend de la coke, ne crache pas sur le whisky White Label. Il en a marre, il ne veut plus toréer, il le dit dans l'été à son ami le torero mexicain Arruza : «Carlos, je ne peux pas continuer comme ça.» Le public, qui lui reproche ses cachets exorbitants, lui est maintenant hostile. On distribue des sifflets à l'entrée des arènes où il se produit. Les rumeurs tournent : il serait prêt à rentrer au couvent, il s'est marié en secret avec la starlette Lupe Sino, il boit du sang, ses soeurs sont d'anciennes putes de la maison de passe de la rue Hernán Ruiz, à Cordoue. Rumeur confirmée dans le livre de Soto Viñolo.

Islero, en réalité, tue un cadavre. Il est mort vingt-quatre jours avant, à Vitoria. Le processus létal a commencé le 16 juillet, à Madrid. Manolete y torée avec Pepín Martín Vázquez et Gitanillo de Triana. Un spectateur l'insulte. Manolete se retourne. Le toro de Bohórquez, Babilonia, l'encorne au mollet gauche. Il reste en piste, tue le toro, part à l'infirmerie. On suit sa trace avec le filet de sang. No pasa nada.

Si, quelque chose se passe, qui tourne autour de lui. Le 4 août, il réapparaît à Vitoria. Un toro l'attrape. Il évite par miracle le coup de corne. Le toro a tourné la tête au dernier mome