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Libération

Le pari de Wariner

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Pendant les championnats du monde, Pierre-Jean Vazel, entraîneur et statisticien reconnu de l'athlétisme, décrypte les épreuves pour «Libération».
par Pierre-Jean VAZEL
publié le 31 août 2007 à 9h26

Quarante-trois secondes. C'est l'objectif annoncé par Jeremy Wariner, en finale du 400 m ce soir, soit mieux que le record du monde (43 18) établi en 1999 par Michael Johnson, ironiquement reconverti en agent de Wariner. Champion olympique et du monde en 2004 et 2005, l'américain de 23 ans est devenu un candidat crédible pour le record après ses 43 62 de Rome en 2006. Sa dernière sortie avant Osaka s'est soldée d'un 43 50 sur l'anneau aux virages étroits de Stockholm que détestait Johnson. Depuis 2005, Wariner s'est aligné sur 19 tours de pistes, a gagné 17 fois et abandonné deux fois.

A chaque fois, le visage est fermé par des lunettes noires, aucune émotion n'affleure, ni avant, ni pendant, ni après la course, rappelant l'attitude glaciale de son mentor. Lors des derniers meetings, ses concurrents semblaient se mouvoir au ralenti dans la dernière ligne droite, tandis que Wariner bouclait son 400 m, éthéré, sans peine apparente. S'ensuit le rituel bien appris : le bouquet de fleurs lancé au public, le tour d'honneur protocolaire, l'interview express en zone mixte. Ce n'est qu'un quart d'heure plus tard, à l'abri des regards dans les anfractuosités du stade, que Wariner s'humanise, s'incarne. Ainsi à Rome, l'adrénaline une fois retombée après ses 43 62, la douleur physique a submergé l'Américain pris de convulsions et de vomissements. A propos de ce calme à la fois pudique et tactique avant la tempête physiologique, l'ancienne championne Cathy Freeman avouait s'empêcher de s