L'échec de Ladji Doucouré est là pour en témoigner : s'il est aussi difficile de revenir à son niveau sur 110 m haies, c'est que les jambes ne suffisent pas. Le 110 m haies est une épreuve des plus techniques, qui nécessite des réglages façon horlogerie suisse. Voici les trois commandements du sprinter pour avaler dix obstacles de 1,06 m de haut espacés de 9,14 m.
1. Tu iras vite entre les obstacles
Faut-il courir vite sur 100 m plat pour courir vite sur 110 m haies ? Liu Xiang, recordman du monde sur 110 m haies, n'est guère rapide sur plat. Ladji Doucouré a un record sur 100 m de 10 48, qu'il a établi en junior, mais qu'il n'aurait aucun intérêt à faire progresser. Car la vitesse pure n'est pas déterminante sur les haies. Le hurdler est condamné à être un sprinter contre nature. C'est mathématique : Renaud Longuèvre, entraîneur de Ladji Doucouré : «Il y a 9,14 m entre les obstacles, Ladji décolle 2,20 m devant la haie et atterrit 1,40 m derrière. Ce qui laisse moins de 6 m de plat entre les obstacles. Là-dedans, il faut caser trois foulées. La foulée ne peut pas dépasser 1,90 m. Contre une foulée de 2,30 m à 2,50 m pour un coureur de 100 m.» La technique de course est modifiée, le cycle de la jambe étant atrophié par rapport au sprint plat. Les hurdlers privilégient la fréquence (plusieurs appuis sur une courte distance) et la vitesse gestuelle à la vitesse pure.
2. Tu iras vite au-dessus des obstacles
Le but du hurdler est de ne pas perdre la vitesse ac