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Libération
Interview

«La France a perdu trois générations de sauteuses»

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Maryse Ewangé-Epée, historique championne du monde de saut en hauteur :
publié le 1er septembre 2007 à 9h28

Osaka

envoyés spéciaux

Osaka attend toujours son premier record du monde. Peut-être dimanche, à l'occasion du saut en hauteur féminin. Maryse Ewanjé-Epée, dont le record de France (1,96 m) a tenu plus de vingt ans, décrypte l'évolution de la discipline.

Comment voyez vous le concours ?

Comme un concours de dupes. Beaucoup ont eu des problèmes à cause de la piste, très rapide, ce qui change tous les automatismes. Toutes les filles qui ont des sauts basés sur la vitesse ont failli passer à la trappe. Le concours va être très intéressant à condition que les filles parviennent à sauter loin de la barre. Il faut accepter de ralentir sa course et travailler sur les trois derniers appuis.

Pourquoi le saut en hauteur va-t-il mal en France ?

Parce que les entraîneurs français passent leur temps à regarder ce qui se passe ailleurs. Ils ne prennent pas en compte le physique des Françaises, ils sont obsédés par la maigreur, par le poids. Une des premières choses qui a été dite sur Mélanie Skotnik quand elle est arrivée d'Allemagne en France, c'est : «Enfin une athlète qui a un rapport poids puissance intéressant [59 kg pour 1,82 m].» Sauf que toutes les Françaises ne sont pas taillées comme Skotnik et qu'on n'a pas à les entraîner comme des Russes. En France, une grande partie des athlètes vient des Caraïbes, avec des particularités physiques dont il faut tenir compte. Il faudrait leur faire faire de la musculation, les entraîner comme des sprinteuses. On a perdu trois générati